samedi 19 juin 2010
Elections du 13 juin: des résultats inespérés
dimanche 6 juin 2010
Gunzig ou le prêt-à-penser
mercredi 7 avril 2010
Le repentir n'est pas une mode
Le repentir occupe l’actualité. Dans l’expression de certains hommes d’Eglise. Et surtout, dans l’attente des victimes d’actes de pédophilie.
“Le repentir est à la mode: le pape se repent du fait qu’un de ses prédécesseurs ait condamné les théories de Galilée, le bourgmmestre de Liège se repent du fait qu’un de ses prédécesseurs ait participé activement à la persécussion des juifs… Le repentir est une notion très chrétienne. C’est l’aveu indispensable pour obtenir la rémission de ses pêchés et l’absolution. Il ne change évidemment rien à la situation objective mais conditionne pour le pêcheur son retour dans le droit chemin.”
Voilà donc pour leur introduction sentencieuse. Je résume: “se repentir, c’est un truc lié à notre culture chrétienne de la culpabilité; cela ne change en soi rien à la réalité objective”.
Surprenant que des personnes censées, de part leur fonction, appréhender la complexité des choses, puissent tenir un discours à ce point réducteur.
Une première remarque: je ne suis pas sûr que le repentir soit le propre de la culture chrétienne. Le Japon –qui est bien loin des conceptions chrétiennes- pratique l’excuse publique de manière quasi-rituelle.
Une deuxième observation, qui ne touche toujours pas au coeur de la question, mais qu’il me paraît intéressant de relever du point de vue de l’argumentation: l’étudiant ne demandait pas à Rigaux de se justifier pour des positions prises par ses prédécesseurs, mais pour les siennes. Au plus le comportement dénoncé est éloigné de celui à qui on demande des comptes, au plus il est facile de railler la demande de reconnaissance de la faute. Que Benoît XVI reconnaisse l’erreur de l’Eglise par rapport à la rondeur de la Terre, cela peut faire rire. Le choix de cet exemple n’est pas innocent.
Plus fondamentalement, Morelli et Bricmont se trompent en tentant de réduire la question du repentir à une problème de conscience de son auteur. Dans la société, reconnaître son erreur ou sa faute est une condition indispensable pour recréer la confiance, rétablir sa crédibilité. Que ce soit dans le chef d’une personne ou d’une institution. Que ce soit à l’égard de la victime ou de la société en général.
Comment l’étudiant peut-il accorder du crédit à un discours sur les droits de l’homme tenu par une personne qui laisse planer doute et ambiguité sur ses symppathies passées ?
Prétendre que le repentir ne change pas les conditions objectives, c’est refuser de voir l’impact réel qu’engendre la reconnaissance de la faute auprès de la vitime ou, selon les circonstances, des membres d’une communauté. Comme si cela ne relevait pas des conditions objectives.
La reconnaissance de faute, à quel que niveau que ce soit, c’est un peu comme la politesse et les règles de courtoisie: sans elle, pas de cohésion sociale; sans elle, une société de méfiance et de tension permanente.
Voilà donc. Rigaux & Co se sont laissé entraîner par une image romantique des Khmers rouges. Leur vrai erreur: avoir été distraits de leur tâche principale: la critique du monde occidental, capitaliste et impérialiste. Et, de plus, "il est évident qu’ils n’avaient pas connaissance des réalités en cours dans le pays à l’époque".
Ce qui est en jeu, dans le reproche qui est fait à Rigaux, ce n’est pas tant l’étendue de sa connaissance du génocide au moment de son soutien, mais sa crédulité, son absence de réserve critique vis-à-vis d’un pouvoir révolutionnaire violent et non démocratique… Fin des années 70, les intellectuels avaient eu le temps de prendre conscience de la nature intrinsèquement totalitaire des régimes communistes.
L’absence de repentir de Rigaux tout comme l’argumentaire de ses deux collègues académiciens s’appuie sur l’idée sous-jacente, chez eux, selon laquelle les soutiens et les critiques se valent, que leur objet soit un régime totalitaire ou une démocratie imparfaite.
C’est une assimilation que je ne ferai jamais. Sans doute me faudra-t-il revenir un jour sur cette conviction profonde, même si elle me paraît évidente. Mais elle est certainement la raison pour laquelle je suis incapable d’accorder quelque crédit que ce soit aux trois professeurs.
samedi 2 janvier 2010
Joëlle au naturel: bonne chance Michel !
Un peu plus que ses collègues présidents de parti, Joëlle Milquet aime présenter le sien comme étant au dessus de la mêlée, ne participant pas aux querelles politiciennes. Mais, paradoxe amusant, cette affirmation primaire de son altérité la ramène illico dans la normalité du commun des mortels, la mêlée des petits politiques. Celui qui est meilleur que les autres n’a pas besoin de le dire. C’est une contradiction qu’on retrouve souvent chez elle. Joëlle est comme la bonne élève qui, pour se mettre en évidence auprès de son instituteur, se plaît à relever les prétendues faiblesses de ses voisins de classe.
Cette posture, teintée généralement d’une forme d'amertume (« c’est pas juste: je ne suis pas reconnue pour ce que je suis »), ne sert pas sa communication.
Prenez les récents vœux du cdH:
« En 2010, penser à la planète, c’est bien ! mais penser à ceux qui y vivront … c’est beaucoup mieux. Belle année 2010 » .
Le message se veut universel et généreux ; il est mesquin et polémique. Comme si Paul Magnette, à Copenhague, n’avait pensé qu’à la planète ; comme si les écologistes étaient insensibles au sort des générations futures.
Mais l’essentiel n’est pas ici dans l’attaque politicienne. Magnette et les écolos – tout comme les observateurs politiques d’ailleurs - doivent encore en rire, tellement le message est grotesque.
Le plus surprenant, c’est la communication grand public totalement contre-productive: ceux qui, en Communauté française, sont toujours plus nombreux à « penser à la planète » (en dehors de toute idée partisane) doivent se sentir légèrement méprisés par ces vœux qui leur signifient, sans doute maladroitement mais quasi explicitement: « ce serait quand même beaucoup mieux si vous pensiez à l’humain ».
Personnellement, mes bons vœux vont à Michel Konen, pour 2010 et la première moitié de 2011.
jeudi 19 novembre 2009
Non, Dany, ça c'est pas le foot
Autre responsable politique à intervenir, Daniel Cohn-Bendit (Europe-Ecologie) a déclaré à l'AFP jeudi que
"la main de Thierry Henry, c'est le summum de la chance". Henry a "fait son job", "c'est l'arbitre qui aurait dû voir la main", a-t-il poursuivi, jugeant que "ce n'est pas de la tricherie, le football c'est comme ça". Et d'ajouter. "Ce qui m'a terrifié, ce n'est pas la main - ça arrive, les plus grands on fait ça comme Maradona -, ce qui est horrible, c'est la manière dont a joué l'équipe de France".
La lecture de cet extrait du Monde m'a mis hors de moi: la rage se mêle à la déception.
Dans cette affaire, ce qui est grave, ce n'est pas l'erreur d'arbitrage, mais l'attitude de Thierry Henry après sa faute volontaire et la caution apportée par des personnalités comme Dany ou d'autres (Rama Yade notamment).
Qu'une main traîne volontairement, ça arrive. Que l'arbitre ne la voit pas, ça arrive. Qu'on considère normal que l'auteur du forfait n'ai pas l'obligation morale (fair-play) de reconnaître sa faute est atterrant. Il y a un certain honneur dans la victoire. Henry aurait du signaler sa faute à l'arbitre, un point c'est tout.
Cohn-Bendit ajoute: "il fait son job". En quoi le job d'un footballeur consiste-t-il à tricher ? (c'est comme si on acceptait la tricherie d'un membre des Verts, au motif que son job consiste à faire gagner son parti !). Qui a décrété que le fair-play ne s'imposait pas dans le foot ?
La faute n'est pas chez l'arbitre; elle est chez le sportif tricheur.
L'appel à Maradona est vraiment affligeant et sonne comme un aveu d'impuissance. Comme si, parce que d'autres l'ont fait...
On est au dégré zéro de l'argumentation.
Comment lutter contre la tricherie dans le sport, qu'il soit professionnel ou amateur, si on (des autorités, des références) accepte qu'un but puisse reposer sur une tricherie, à fortiori quand il s'agit d'un joueur emblématique et que l'enjeu est la qualification pour la coupe du monde.
Les jeunes qui ont vu Henry hier soir, qui ont lu ou entendu Cohn-Bendit (et les autres), auront sans aucun doute un peu plus facile à trouver quelque accommodement avec leur conscience quand ils seront en situation.
Non, Dany, ce n'est pas le niveau de jeu de ton équipe favorite qui est horrible (je suis surpris que tu puisses penser que les gens s'intéressent à ton avis sur la question); ce qui est horrible, c'est la banalisation que tu fais de la tricherie.
J'en suis encore K.O.
lundi 9 novembre 2009
Radio Bruxelles
mardi 27 octobre 2009
Lizin / Eerdekens, une proximité plus que géographique
Anne-Marie Lizin était bien de retour, dimanche midi sur les plateaux de la RTBF, égale à elle-même. Heureusement, et malgré l’intention du duo Maroy-Daout (voyez leurs déclarations sur le site de Sud Presse), c’est plutôt comme animatrice qu’elle a marqué le débat que comme contributrice. Faire rire, involontairement, la galerie (« je ne vais pas vous rappeler que je représente plus de 150.000 électeurs »), puis, piquer sa colère feinte, vieille ficelle dont elle continue à user (*). Le professeur de religion islamique, mesuré, tentait en vain de terminer son argumentation : Mme Lizin, de son indignation construite, élevait la voix et coupait court à tout dialogue. La posture autoritaire, naturelle, reprenait le dessus.
Claude Eerdekens est coulé dans le même moule. Les grandes déclarations moralisantes, il connaît. C’est souvent excessif (« l’étoile jaune de l’élu »), mais au plus ce l’est, au mieux, pense-t-il. Des contre-feux destinés à détourner les regards de ses pratiques locales autoritaires, bien loin des principes généreux dont il se fait régulièrement le chantre.
Comme Lizin, il tient les petits écolos « poils à gratter » pour responsables de tous les maux et les attaque sur tous les fronts. Voyez, sur l’efficace www.agorati.be, ses dernières contributions. Eclairant : OGM, amiante, bio-carburant, nucléaire, les pesticides, ondes électromagnétiques, etc.
Cette guerilla impulsive contre le vert va finir par irriter le boulevard de l’Empereur. Pas que la direction du PS souhaite ménager Javaux et les siens, mais, camarade Claude, il faudrait la jouer plus subtil, à la Magnette: « l’écologie, c’est aussi nous ».
Pas surprenant que Mr Eerdekens s’en prenne à la particratie. Il n’est plus en odeur de sainteté dans son parti. Le moindre faux-pas, la moindre affaire et il suivra le sort de sa voisine mosane.
(*)Avez-vous noté que les politiques dirigent volontiers leurs colères médiatiques contre des non-politiques, comme le Ministre Lutgen l'a fait, il y a quelques semaines, sur le même plateau, face à un fonctionnaire européen ? C’est tellement facile et payant ; mais c’est tellement déplacé !