mercredi 16 septembre 2009

Javaux n'est pas Jannin


Je n’aime pas quand les politiques se mettent en scène, simplement parce que je n’aime pas la politique-spectacle.

Jean-Michel Javaux, le charismatique co-président d’ECOLO, vient de poster une vidéo simulant son enlèvement. Il le fait savoir, sur Facebook et Twitter : un teasing au profit d’un groupe rock ami, un clin d’oeil, à prendre au Xème degré sans doute. Le problème, c’est qu’en la circonstance, comme le montre la mésaventure de Brice Hortefeux, seul compte le premier degré.

Tout enlèvement est traumatisant, pour la victime, ses proches, les témoins. J’ai lu cet été le récit de Clara Rojas, l’ex-détenue des FARC. Ce WE, De Morgen relatait la séquestration par les talibans de Stephen Farrell, journaliste du NYT. Des situations analogues, moins spectaculaires, moins dramatiques, se produisent chaque jour et provoquent le même type de souffrances.

Simuler « pour rire », une prise d’otage, donne une impression de légèreté, d’absence d’empathie. Et venant d’un politique, c’est gênant.

Certains peuvent rire de tout (Jannin, Kroll, …); on l’accepte parce qu’ils ne représentent qu’eux. Puis, mine de rien, ils respectent les limites qu'ils se sont fixées.

Jean-Michel Javaux représente ses électeurs, sa commune, plus largement, avec ses collègues présidents des autres formations politiques, le corps électoral francophone dans son ensemble. Que ses opinions et ses positions soient tranchées ne pose pas problème. Par contre, ses « faits et gestes » doivent être consensuels, ne heurter aucune sensibilité, précisément parce qu’il a vocation à représenter tout un chacun.

Eric Fottorino, directeur du Monde, concluait son édito de ce WE en ces termes : « Brice Hortefeux a oublié qu’un ministre doit représenter à chaque instant les valeurs de la République. Et mesurer dans chaque mot ce qu’il peut contenir d’irrespect, de violence et d’humiliation ». Toute proportion gardée, le conseil me paraît pertinent ici aussi.

On peut être en politique, avec un certain détachement et un humour certain. Voyez notre Premier (l’actuel, pas le précédent !). Pas nécessaire, pour ce faire -et pas souhaitable d’ailleurs- de monter sur la scène de la politique-spectacle.

1 commentaire:

  1. Toujours un équilibre difficile entre rester authentique et tomber dans une représentation permanente qui peut guider vers la langue de bois qui me déplaît plus...que l'erreur de Javaux.

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